lundi 24 novembre 2008

C'est trop duuuuur

Aujourd'hui, j'ai passé un cap. Après une semaine de crise sévère boulimico-borderline, j'ai pris la sage, quoique difficile décision de troquer mes muffins, biscuits, et smoothies quotidiens contre des baby-carrots. Parce que les baby-carrots, c'est sain, c'est frais, c'est pas bon donc ça évite d'en manger trop, et surtout, c'est la classe. (Un peu comme les special K, cf. le judicieux groupe Facebook J'ai l'impression d'être so fresh car je mange des pommes et des Special K).
J'étais donc déterminée, enthousiaste et joviale. Je me balladais cheuveux au vent, baby carrots en main, le soleil illuminant mon visage, en écoutant Le complex du corn flex (à croire que tout est lié).
Sur le chemin, je croise un camarade. Je lui fait signe de la baby carrot. Il me retourne mon bonjour, les oiseaux chantent, c'est merveilleux.


Mais soudain, c'est le drame. J'entends "hey, wait !". Je me retourne et .... haaaaa...... noooooon.... il me tend un paquet de cookies !!!! J'étais déterminée, enthousiaste, et joviale, certes. Mais je craque. C'était trop tot. Je me saisis d'une de ces petites merveilles et ajoute même un remerciement qui me vaut un "tu verras, ils sont très bons!".

Ce pays veut ma mort par stéatopygie

[Edit: en cherchant une image de baby-carrot pour illustrer ce post, je suis tombée sur ça: Baby Carrots Are The Devil]

samedi 22 novembre 2008

Dans ma bulle

ndlr: Le titre de cet article ne fait aucunement référence à une chanson de mon idole Diam's.

Cela fait bientôt 3 mois que je suis ici, les périodes de découvertes et d'adaptation sont bel et bien révolues, et ma nouvelle vie semble avoir trouvé un rythme de croisière. Pourtant, point de routine, point de lassitude. C'est maintenant que je réalise que la vie de campus est véritablement quelque chose d'inédit, qui se vit sans pouvoir véritablement se décrire, tout un tas de petites choses qui donnent à chaque jour une saveur nouvelle et où ce qui serait ailleurs tracas ou ennui prend une autre couleur.

Imaginez ce que ça fait de vivre dans un grand quartier où vous ne croisez que des gens de votre âge, où vous commencez à connaître de très nombreux visages qui vous sourient, où tout le monde déjeune dans les mêmes restaurants et partage les mêmes muffins.

Imaginez que vous vous ennuyez, une après-midi dans votre chambre. Il vous suffit de faire trois pas pour apercevoir au détour d'une porte entre-ouverte que votre voisine de palier est aussi désœuvrée et discuter un moment.

Imaginez un samedi soir froid et pluvieux. Vous n'avez pas l'âme fêtarde, mais vous n'avez pas sommeil. Traversez la rue et frappez à la porte de la German House. Jonas, Béa et Dhimiter sont là, sur le canapé. Vous discutez, vous jouer à la Wii en mangeant des faux oréos et oubliez votre gloomitude.

Imaginez un quartier où il n'est pas rare de croiser des gens déguisés, des groupes d'étudiants sortants d'une soirée sous-vêtement, des amis sur-excités et où personne ne s'en offusque.

Imaginez que vous rentrez tard, très tard d'une soirée. Il fait noir, très noir et froid, très froid. Un individu semble vous suivre. Vous avez un peu peur, puis beaucoup. Composez le 617 627 6911, un service spécialisé de la police universitaire vous escortera chez vous sans hésiter un instant.

Imaginez une après-midi d'ennui, encore. Mais cette fois-ci, vous n'avez pas envie de voir de monde. Faites un détour par le média Center pour emprunter gratuitement l'un de leurs milliers de DVDs.

Imaginez des examens d'Allemands tels que, que vous révisiez une heure ou cinq minutes, vous avez toujours A.

Imaginez un jeudi soir, après une semaine d'examens. Vous avez envie de sortir, de voir du monde, de vous défouler. Frappez à la porte de la frat' ATO et passez quelques heures sur le dance floor au rythme des derniers hit-parades Américains. Rien de tel pour dépenser votre sur-énergie.

Imaginez un dimanche midi. Vous venez de vous réveiller. La faim vous tiraille, vous avez bien envie d'un brunch. Connectez-vous sur Facebook, il y a de grandes chances qu'un exchange student soit aussi connecté et ait aussi envie d'un brunch, tout de suite, maintenant.

Imaginez une ville dans laquelle les murs sont constamment placardés d'affiches, et les routes bariollées à la craie pour vous proposer moults évênements culturels, festifs ou culinaires, parmi lesquels vous trouverez toujours quelques chose qui colle à vos centres d'intérêt ou à votre emploi du temps pourtant déjà chargé.

Imaginez que, alors que votre ordinateur représente la chose la plus chère à vos yeux, il tombe subitement en panne, pour une raison inconnue. Déposez le au centre informatique où il sera entre les mains expertes de charmants étudiants qui vous appelleront dès le lendemain pour vous annoncer son sauvetage. Le tout gracieusement.

Imaginez. Moi je le vis. Alors oui, vous me manquez, oui j'ai hâte de rentrer un peu, oui il fait déjà un froid plus que polaire et je suis convaincue que je ne survivrai pas, mais je dois avouer tout de même n'ai pas à me plaindre.

dimanche 16 novembre 2008

I listen to the wind of my soul



L'automne est bel est bien installé, mais l'hiver semble déjà jouer des coudes pour lui prendre sa place.
Les gens sortent moins, s'emmitouflent dans leurs manteaux, bonnets et autres écharpes. Le campus a l'air triste, avec ses bâtiments qui semblent désespérément gris, des arbres de plus en plus nus alors que les dernières feuilles aux couleurs de l'automne volent au vent. La bruine dresse un rideau entre nos yeux et le monde, donnant aux paysages une teinte délavée, comme si on les avait trop regardés.

On se lasse un peu de "hey ! how are youuuuuuu?" forcés lorsque l'on croise son voisin de couloir avec qui l'on n'a jamais échangé plus de deux mots, alors on se contente désormais d'un petit sourire peu convaincant. Les soirées se font plus rares, les nouvelles rencontres aussi, la fatigue commence à se faire sentir après bientôt trois longs mois de cours. Les examens repointent déjà le bout de leur nez.

Saison frisquette et tristounette où l'on passerait bien des heures sous la couette à regarder tomber la pluie en écoutant William Sheller.


Paris me manque un peu, beaucoup. Cette atmosphère si particulière qu'il semble impossible de retrouver ailleurs. Les cafés, le cinéma français, Saint Germain des prés, les quais de Seine, le parvis de Beaubourg le dimanche après-midi, les grands magasins, le Vélib', la bibliothèque Sainte Geneviève, les musées, la librairie Shakespeare, le George Café, le marais, mon train de banlieue, les petites boutiques vintage, Saint Michel, la rue Saint Guillaume. Je crois que je peux le dire sans en douter un instant désormais: J'aime Paris.


Et Vous me manquez un peu, beaucoup. Malgré ce que vous pouvez croire, malgré tous ces visages inconnus sur mes photos, malgré les innombrables soirées auxquelles je vais, malgré le temps que je passe avec Carole et Estelle, malgré les garçons que je rencontre, malgré mon overbooking apparent, voire ma désinvolture alors que vous venez de parcourir des milliers de kilomètres pour venir me voir. Vous me manquez vraiment, de plus en plus. Je vous aime.

mercredi 5 novembre 2008

The happy day of democracy




La soirée électorale a commençé vers 19h hier soir. Les étudiants internationaux nous avaient proposé de les rejoindre à la maison allemande afin de suivre les résultats ensemble, mais nous avons préféré nous plonger au coeur de la foule américaine majoritairement démocrate de Tufts.
Nous avons donc rejoint en début de soirée le Campus Center, centre névralgique de l'université qui associe espaces de travail, salles de détente et cafétérias.

Pour l'occasion, l'endroit avait été entièrement redécoré aux couleurs des deux partis,
la radio de Tufts avait installé une station pour couvrir l'évènement,

de même que la chaîne de Tufts qui a diffusé son propre programme sur une chaîne interne à l'université jusqu'à tard dans la nuit.



Au rez-de-chaussée, où nous avons passé la majeure partie de la soirée, des étudiants avaient organisé l'évênement de A à Z:
-écrans géants installés,

-fanions aux couleurs des Etats-Unis et badges à l'effigie des candidats distribués




-carte des Etats coloriée au fur et à mesure que les résultats étaient annoncés,
-sketch, vidéos historiques, quizz pour patienter entre les différents résultats,
-invités, débats,

-buffet de nourriture..

Tout avait été pensé pour que la centaine d'étudiants réunis passent une soirée intense et divertissante.


Toutefois, dès les premières heures, la tension était palpable. Chaque fois qu'un état passait du côté bleu, des cris de joie fusaient.

Les rares républicains se lamentaient discrètement. Heureusement que notre jumbo préféré était là pour détendre les foules.


Peu à peu, la foule s'est condensée autour des écrans de télévisions, les visage sont devenus soucieux, les jambes ont commençé à trembler. Des effusions de joie, toujours, à chaque annonce d'une victoire démocrate, et un étonnant fair-play: pas de huées lors des annonces des avancées républicaines.



La tension est arrivée à son comble un peu avant 23h. Les démocrates avaient alors conquis 250 grands électeurs: si la Californie était remportée, Obama serait le nouveau président des Etats-Unis.

20...19...18...17...16...15...14...13...12...11...10...9...8..7..6...5....3...2...1....
C'est CNN qui nous fit part de la nouvelle :

SEN. BARACK OBAMA IS THE NEXT PRESIDENT OF THE UNITED STATES OF AMERICA



S'en sont suivi des scènces de liesse et de bonheur partagé comme j'en ai rarement connus. Aux cris et aux pleurs ont succédé les embrassades, et autres hugs. Un bonheur sincère et partagé, une fierté retrouvée, l'espoir d'une monde nouveau, l'aboutissement d'un rêve...






Ensuite, légère accalmie dans l'attente du discours du futur nouveau président. Mac Cain est d'abbord apparu sur les écrans, les yeux rougis et humides et a fait part d'un fair play remarquable. L'émotion dans la voix, il a prié ses électeurs de croire que la défaite était la sienne et non la leur, et a reconnu qu'Obama avait eu un remarquable parcours.

Puis le tant attendu Obama s'est présenté à son tour sur l'immense esplanade installée au coeur de Chicago, accompagné de sa rayonnante femme (bien que sa robe était très moche) et des ses adorables petites filles.



Dès la fin du discours, plusieurs centaines d'étudiants se sont spontanément retrouvés au niveau d'un croisement du campus, après avoir hurlé un bon moment en courant dans tous les sens, drapeaux et banderoles à la main.
Là encore, les accolades et embrassades n'en finissaient pas. La foule est restée en place près d'une heure, scandant "O-B-M-A-M-A", "U-S-A", "No more Bush!", "Yes we did", ou en chantant à tue tête l'hymne national américain.

Puis, tout aussi spontanément, un petit tour de piste s'est engagé autour de l'une des pelouses principales du campus. Plusieurs centaines d'étudiants qui courent, en pleine nuit, en hurlant "USA! USA", je dois dire que c'est assez impressionnant.

Enfin, les étudiants ont pris la direction du centre ville (celui de Medford, commune qui habrite de campus de Tufts) pour crier leur joie aux yeux du monde...


Je suis pour ma part rentrée me coucher, des souvenirs plein la tête, prête à rêver de notre nouveau président (oui, maintenant que j'ai agité le drapeau américain pendant plusieurs heures, je considère que j'ai le droit de m'inclure).

C'était vraiment beau et émouvant de voir un tel bonheur partagé, un tel enthousiasme d'avoir porté un président noir à la tête des Etats-Unis, une telle fierté d'y etre arrivé, et un tel espoir que l'image des Américains dans le monde change enfin. Je retiens notamment cette phrase entendue au détour d'un chemin, prononcée par une jeune américaine : This is definitely the happy day of democracy.

mardi 4 novembre 2008

YES THEY COULD


Obama a été élu ce soir le premier président noir des Etats-Unis.
La soirée a été riche en émotions, très intense et véritablement trépidante. Je rejoins mon lit car je suis épuisée (il est 2h30), mais je vous promets de tout vous raconter dès demain !

Yes we can !

Me voilà de retour après une semaine bien chargé.
Pas mal de travail, un long week-end sous le soleil New-Yorkais, un lundi à 200 à l'heure, soit peu de temps à vous accorder.




Et ce n'est qu'en ce mardi 4 novembre 2008, à quelques heures de la clôture des votes des élections présidentielles américains que je me penche sur mon clavier pour vous faire part de ma vision de la campagne depuis l'autre côté de l'Atlantique.
Je lis la presse américaine, je discute avec les étudiants, je me rends aux débats, je prends part à la ferveur collective qui ne cesse de s'intensifier sur le campus mais il est toutefois difficile de dégager de grandes tendances, de dire 'comment se passe la campagne aux Etats-Unis' ou 'ce qu'en pensent les Américains'.
Car un campus universitaire, qui plus est sur la côte Est, qui plus est lorsqu'il abrite l'une des meilleurs écoles de relations internationales du monde et son lot d'étudiants étrangers, et très loin d'offrir une représentation de l'Amérique.

Quel lien entre les jeunes étudiants issues de familles aisées de la côte Est et l'Amérique "d'en bas" de l'Ohio ? Quel rapport entre Derek et Curtis qui passent leur année à Tufts à 50000$ à jouer au Base-ball et ces jeunes, tout autant Américains, qui travaillent dans les fermes texanes comme leurs parents et grands-parents? L'opposition peut sembler un peu manichéenne, mais l'idée est là.

Obama, Obama, Obama. Sur les T-Shirt, dans les conversations, en guise de statuts Facebook et pseudos msn. Barack est partout, et les Tufts democrats sont nombreux et hyperactifs. Je ne compte plus les mails que j'ai reçus de leur part pour participer à des réunions, des meetings, des appels téléphoniques vers les électeurs américains, des sessions de porte à porte dans toute la région. J'avoue ne pas avoir pris le temps d'y prendre part, mais ce ne sont pas les occasions qui ont manqué.



Je suis par contre allée à une réunion des Tufts républicans. Heureusement pour eux, leur motivation est inversement proportionnelle à leur nombre. Pour être claire, ils ne sont pas plus d'une douzaine alors que leurs homologues démocrates se comptent par centaines. Mais ils assument leur idées, sont conscients de leur infériorité numérique sur le campus, et cherchent des solutions pour attirer les indécis: tenter de se justifier sur des sujets brûlants comme la guerre en Irak, attirer l'attention des étudiants sur certains points douteux du programme démocrate, etc. Et le plus important, ils croient en la victoire de MacCain.

Il me semble toutefois, que, si la plupart des étudiants s'apprêtent à voter Obama, nombre d'entre eux ne sont pas pour autant véritablement investis politiquement. Si beaucoup portent haut les couleurs démocrates, cette attitude demeure superficielle, et ceux qui sont allés sillonner le pays dans l'espoir de faire pencher la balance ne représentent qu'une minorité d'entre eux.
Une preuve en est que, lors des trois débats qui ont opposé les deux candidats, les salles communes des résidences, équipées de télévisions (alors que peu d'étudiants en ont dans leur chambre) étaient tristement désertés. Les quelques téléspectateurs étaient bien souvent des étudiants internationaux curieux de s'informer sur la campagne américaine, alors que les Américains eux-même semblaient avoir mieux à faire.

Mardi 4 novembre 2008 - nous y sommes. Un jour a marquer dans les mémoires, une élection pas comme les autres, car l'Amérique qui a élu Bush, est sur le point de porter le premier président noir à la tête de la première puissance mondiale. Que cela changera-t-il pour nous Français, pour nous Européens? Pourquoi supportons nous si vivement Obama ? Parce qu'il est noir et qu'il nous permettrait de nous dégager des clichés si répandus sur l'Amérique raciste? Parce qu'il serait le premier à nous donner raison quant au refus de soutenir la guerre en Irak ?
Pourquoi rejeter à ce point MacCain? Comment le monde réagira-t-il s'il est élu? Ne nous suffit-il pas de dire au revoir à ce si mal aimé George W. Bush?



Je ne sais pas. Mais ce qui est sûr, c'est que l'Amérique, elle, s'apprête à vivre un nouveau tournant dans son histoire.