mercredi 1 octobre 2008

Etude anthro-sociologique (2)

[Résumé de l'épisode précédent]
Les Américains sont des gens souriants, serviables et chaleureux, avec qui il est toutefois difficile de tisser de solides relations. Je tiens cependant à préciser que je n'ai affirmé, ni même insinué qu'ils étaient superficiels. Seuls le sont leurs accolades et leur chaleur.

Mon deuxième objet d'étude concerne les relations que les Américains entretiennent à l'égard de leurs professeurs et leur conception des cours. Les professeurs Américains, d'une part, sont d'une façon assez frappante beaucoup plus friendly que les professeurs français. Non pas que ces derniers soient tous froids et désagréables, mais la différence est tout de même palpable. Ils donnent tous leur numéro de téléphone personnel à leurs élèves, sont bien moins avares de bonnes notes, et moins regardants sur les absences et les retards, pourvu qu'on ait au moins l'air désolé. Ils sont également beaucoup plus insistants sur la participation orale des étudiants pendant le cours, et les écoutent patiemment, même lorsque l'étudiant en question n'a en réalité rien de vraiment intéressant à dire (ce que j'ai souvent du mal à percevoir, car en Anglais, tout passe mieux). Je n'ai jamais entendu un professeur contredire directement un de ses élèves, ou lui affirmer franchement que ce qu'il disait était faux. Ils prennent seulement un air interrogatif en murmurant "oui... pourquoi pas ... c'est un des éléments auquel on pourrait penser..." ou encore "ce n'est pas faux...", même si ce n'est pas juste non plus.

Jusque là, ça semble formidable. Mais cette relation de bonne entente et d'égalité entre professeurs et élèves prend parfois des formes surprenantes pour les élèves étrangers que nous sommes. Car si les étudiants Américains sont quasiment toujours à l'heure, ne discutent pas en cours, lèvent poliment la main, et sont rarement absents, certaines de leurs attitudes peuvent passer pour une forme de désinvolture. D'abord, la plupart d'entre eux passent leur vie en tongs de plage, dont il ne se séparent donc pas pour aller en cours. Les autres sont en tenue de sport, dégoulinants de sueur fraichement produite, avec des poches de glaces sur le corps pour signifier combien ils ont souffert pendant l'effort, ou habillés en rappeurs, casquette enfoncée sur la tête. Ensuite, la plupart d'entre eux passent leur cours à manger, boire, et à se lever pour aller à la fontaine ou aux toilettes. J'ai notamment en tête l'image de cette fille qui participait en cours tout en brandissant un morceau de concombre qu'elle croquait à pleines dents entre deux phrases.... Je commence à m'y faire, mais dès que j'avale timidement une gorgée d'eau, les remontrances de mes professeurs de lycée me revienne à l'esprit: "vous êtes en cours mademoiselle, pas au café du coin".
Et bien ici, si. Et toc !


[Au prochain épisode] Les Américains et la "mode" (si tant est qu'on puisse encore appeler ça comme ça).

1 commentaire:

mam a dit…

J'aime bien cette idée américaine du "droit à l'erreur" en cours, de la "non-sanction" d'un retard ou d'une absence dont les étudiants ne semblent pas profiter plus que de raison, du "non-rapport d'autorité" et de supériorité entre profs et élèves.
Les universités américaines ont pourtant un bon niveau d'études je crois ... Il serait intéressant que les enseignants français y réfléchissent. Mais au regard de la politique actuelle, nous allons plutôt dans le sens contraire : plus d'interdits, plus d'autorité, plus de sanctions (dans tous les domaines) C'est pour notre bien à tous, parait-il !
Affaire à suivre ...